Pareil à lui-même

 
 

C’était du côté de Tursac en Dordogne, au coeur du Périgord Noir, non loin des Eyzies et des sites troglodytiques aménagés par l’homme. Fin mai, juin peut-être, les soirées étaient douces. Je dirigeais  un stage de formation de jeunes d’une vingtaine d’années. Un gars d’un peu plus de 25 ans me secondait. Mince silhouette, visage émacié, lunettes sur le nez et un sourire  espiègle sur les lèvres. Il s’appelait Pierre.

 

Ce soir là, nous avions organisé une randonnée nocturne. Deux groupes d’une dizaine de garçons et de filles sous notre responsabilité. A l’époque les portables n’existaient pas  mais nous avions néanmoins assez d’informations sur nos itinéraires respectifs, sécurité oblige ! Organisation autogérée cependant et pour le coucher, il y avait du choix : dormir à la belle étoile, sous la  tente, chez l’habitant ou dans le creux des roches, la région n’en manquait pas !

 

Nous approchions de minuit, l’heure où l’on se serre les uns contre les autres, parce qu’il fait plus frais, pour d’autres raisons, certainement aussi ! Dans notre groupe, assis en cercle, à l’orée d’une clairière, en contre bas de la colline dont nous distinguions le sommet, nous étions sous le charme d’un conte imaginé par l’un des stagiaires. Tout yeux, tout oreilles quand soudain  une fille, pointant l’index, s’exclama :

 

« Regardez ! »

 

Le haut de la colline s’était embrasé.

 

S’y détachaient d’énormes têtes sur de larges épaules et progressivement, en gigantesques  ombres chinoises, des personnages nous  apparurent,  impressionnants sous l’éclairage de lampes torches qui avançaient vers nous, en poussant des cris terrifiants !

 

Pierre et ses jeunes nous rejoignaient, avec des épouvantails de plus de trois mètres qu’ils avaient découverts dans une grange abandonnée. Ils étaient magnifiques ces géants de paille et d’oripeaux, comblés ces jeunes de nous avoir fait sursauter avec leur butin porté à bout de bras . Je soupçonnais quand-même Pierre d’avoir activement participé à la mise en scène !

 

J’étais tout à mes souvenirs quand la salle s’éclaira, me faisant cligner des yeux, mais je le reconnus.

 

Il était là, il s’était levé face aux spectateurs, prêt à débattre.

 

Pierre, sa voix, ses gestes, son sourire sous les projecteurs, avaient peu changé en vingt ans…

 

J’étais au cinéma de Pessac.

 

Pour le 1er avril  2009,  Pierre Carles  avait été annoncé et ce n’était pas une farce !

 

Le  programme exceptionnel qu’il avait constitué était projeté en  avant-première : trois courts métrages documentaires, « Le Temps des bouffons » de Pierre Fallardeau, « Le désarroi esthétique » de Pierre Carles , « l’initiation » de François –Xavier Drouet et Boris Carré.

 

Je dois l’avouer , égoïstement, il me tardait que le débat avec le cinéaste se termine…j’avais hâte de retrouver l’ ami . 

   

 Voici quelques infos sur Pierre Carles en tant que réalisateur  !

   

 

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Synopsis: A travers ce documentaire, Pierre Carles prend pour cible les faux critiques de la télévision, dont la figure emblématique n’est autre que Daniel Schneidermann, l’animateur de l’émission "Arrêt sur images". 2002

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Synopsis: Avec l’énergie du moribond, les gouvernants s’emploient à revaloriser le travail. Au besoin, par la force. Mais de plus en plus d’actifs ont compris que pour valoriser leur boulot, ils fallait d’abord qu’ils s’en passent, ainsi que du mode de consommation qui va avec. Pierre Carles et ses acolytes ont mis les pieds dans le plat. 2003

 

Et en prime , un documentaire d’une durée de 14 minutes qui en dit long sur la valeur "travail" aujourd’hui

   

 
 

Une Réponse

  1. LO

    Pierre qui roule n\’amasse pas mousse… et reste telle !J\’aime aussi ces rencontres qui rendent le temps futile, quand seul compte ce que l\’on en a fait. Rester fidèle à soi dans cette dimension est une belle réussite.BisousLO

    9 avril 2009 à 12 h 33 min

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