Imagine…
C’est avec émotion que j’ai parcouru et photographié des salles qui leur étaient consacrées
Le public y participait de façon créative…
et j’y ai relu ce concept imaginé par l’emblématique couple en 1973 : NUTOPIA
Entre la triste réalité et l’utopie, serait-il si difficile d’imaginer
un monde où l’être humain serait tout simplement reconnu ?
Sherbrooke
Sept autres peintures murales animent ses quartiers …
et ce « Nullepart/Ailleurs »,
œuvre de Michel Goulet qui incite à faire une pause devant le Lac des Nations
Excellente fin de semaine à vous et à bientôt. Ange
Québec
« On souffle sur des braises et le passé renaît «
écrivait le chanteur Félix Leclerc
J’avais juste 10 ans quand je rêvais de l’Amérique du Nord !
Avant de m’endormir, je glissais sous mon lit une bande dessinée que m’avait achetée un frère de mon père, contrôleur aux « chemins de fer » du Maroc. Quand cet oncle passait chez nous , à Khouribga, je restais des heures à l’écouter me raconter ses aventures. Tout jeune, il s’était engagé dans la Marine Marchande Nationale pour découvrir le monde , comme il disait .
Je l’admirais autant que le héros de ma BD : Cavelier de La Salle qui débarqua en 1667 sur l’île de Montréal, alors qu’il essayait de trouver un itinéraire pour aller en Chine !
Ces souvenirs lointains me sont revenus et je me suis interrogé sur nos destinations de voyages : s’imposeraient-elles à nous, indépendamment de notre seule volonté ?
Mektoub…C’est écrit…dit-on !
Destination…destin ?
Y aurait-il place entre des projets-désirs et des projets-réalités pour des projets-déjà écrits ? Où ne seraient-ce que d’heureuses conjonctions de circonstances…des coïncidences …co-incidences ?
Toujours est-il qu’il y a deux ans, nous faisions connaissance avec les parents d’un québécois, étudiant en Sciences-Po . Ils étaient venus voir leur fils à Bordeaux.
« Rendez-vous chez nous » me dirent-ils en repartant. J’étais loin de me douter que notre garçon , à son tour, irait parfaire ses études d’ingénieur, du côté de chez eux !
Pourquoi avait-il choisi un département de génie civil à l’Université de Sherbrooke ? N’aurait-t-il pu choisir l’Australie ? Nous lui aurions certainement rendu visite !
Mais voilà , en juin dernier , nous étions tous les six réunis : Monique et Emilien, avec Dominique, leur fils devenu journaliste, mon amoureuse et moi, avec le nôtre qui terminera en septembre …projetant déjà un nouveau séjour Outre-Atlantique !
La maison de nos amis québécois.
Sur la cheminée du salon de nos amis trône le portrait de Félix Leclerc,
chantre local de la liberté et de l’indépendance qui a aussi écrit
» On reconnaît un pays à ce qu’il a son dictionnaire à lui «
Et si l’on reconnaissait l’amitié à ce qu’elle a ses mots à elle, pensais-je,
des mots qui façonnent les êtres et donnent un sens à leurs rencontres.
En présence de ce portrait, je me suis revu étudiant moi-même…en 1957 !
J’étais « pion » au Lycée Abdelmalek-As Saadi de Kénitra ( ex-Port-Lyautey). Travaillant ainsi, je payais mes études et m’offrais quelques plaisirs ! Je venais de m’acheter » Le petit bonheur » une partition de ce chanteur canadien dont j’apprenais les textes, m’accompagnant à la guitare. Avant de rentrer au bahut, je m’arrêtais dans un bistroquet tenu par des américains. J’y mangeais des espèces de crêpes qui s’imbibaient et gonflaient à vue d’oeil lorsqu’on les arrosait d’un liquide marron ! Aurais-je pu imaginer que plus d’un demi-siècle après, Je retrouverais, au Québec, des « pancakes » au sirop d’érable ?
Dominique se libérant de ses activités, nous fit visiter la Ville et ses alentours. Ah la « vieille capitale », quel charme, même sous un ciel gris et pluvieux ! Nous avons beaucoup marché, des remparts de la Citadelle à la Basse-Ville par la Promenade des Gouverneurs jusqu’aux quais du Vieux-Port. Puis, en voiture, nous avons pris la direction de l’Ile d’Orléans. Après une halte au pied de la Chute-Montmorency, nous sommes rentrés dans l’une des dernières » cabanes à sucre » ouverte encore en cette période de l’année. Au retour, notre jeune ami a tenu à nous emmener chez son grand-père, actuellement en maison de repos. Il a 95 ans.
Il nous a montré « l’atelier » qu’il espère restaurer un jour pour le transformer en un espace d’accueil et d’animation d’échanges culturels. Quant à moi, je n’ai pu m’empêcher de photographier l’original fauteuil aux accoudoirs sculptés en têtes de chiens qui semblaient attendre le retour de leur maître !
A suivre…
Je vous présenterai notre périple canadien sous la forme d’un album de photos par ville.
Après Québec , viendront Sherbrooke , Montréal, Ottawa, Toronto, et les Chutes du Niagara.
Excellente fin de semaine !
Valencia (suite)
Valencia … empreinte de doubles significations
Valence retrouve aujourd’hui un second souffle sur le plan économique après une longue période de mise en sommeil. En effet, elle ne fut pas épargnée par les tracasseries d’un pouvoir qui lui fit durement payer sa résistance au régime franquiste. Cela a changé depuis. Actuellement, sur le plan démographique en Espagne, elle se situe à la 3° place, c’est dire l’attrait qu’elle suscite !
Pour celles et ceux qui l’ont connue et qui n’y sont plus retournés depuis de nombreuses années, mon premier billet « Valencia s’ouvre au futur » ne correspondait certainement pas à la Valence dont ils se souvenaient (en écrivant cela, je pense plus particulièrement à « Ieva » .)
Avant de quitter la Cité des Arts et des Sciences pour aller vers le centre historique, nous ne pouvions, mon amoureuse et moi, faire l’impasse d’une visite du port, qui se situe dans le prolongement de ce nouveau quartier. C’est le premier port marchand de la Communauté Autonome composée de trois provinces : Alicante, Castellón et Valence.
En arpentant une des allées longeant des entrepôts restaurés, signe de l’attachement de la ville à son passé, une sculpture contemporaine, érigée sur le passage, m’a semblé symboliser le nouveau cap pris par la capitale. Et pour preuve de son ouverture, en 2007, Valence accueillait la « Coupe de l’América », la plus prestigieuse des compétitions de voile au monde !
On pourrait avancer que dans Valence s’interpénètrent l’hier et l’aujourd’hui.
Aux monuments anciens réhabilités répondent et se développent d’audacieux projets, l’inscrivant incontestablement dans cette dynamique.
Même le centre historique avec sa Cathédrale, à l’architecture pour le moins surprenante, étaye cette idée.
L’aspect extérieur de celle-ci, à lui seul est un modèle d’interpénétrations permettant d’en comprendre l’héritage historique. Commencée au XIII° siècle, à l’emplacement d’une mosquée, terminée au XV° puis remaniée au XVIII°, elle se décline en une succession de styles, du roman au baroque, en passant par le gothique.
En ces lieux, marqués par le temps, une fontaine, Place de la Vierge, attire mon attention.
Y trône une sculpture, entouré de naïades. Je n’ai pu m’empêcher de faire un parallèle avec la sculpture moderniste du Port. Autant cette dernière représente pour moi l’avenir avec un enfant qui tient la barre, sous la protection d’un personnage gigantesque, regards ouverts sur l’horizon, autant l’imposant personnage en bronze, à demi allongé, appuyé sur son coude, au milieu de la fontaine me donne l’impression d’être exposé là pour que nos regards y convergent.
C’est ainsi que je vois la ville : à travers un jeu de miroirs, centrifuge, démultipliant l’extension rayonnante de nouvelles constructions, centripète quand il se focalise sur la mise en valeur des richesses du passé dans et autour du centre historique.
Ce qui caractériserait la Ville dans son ensemble, ne serait-ce donc une sorte d’active ambivalence (concept cher à SOIERIES !) ?
« AmbiValence » aurait pu d’ailleurs faire un titre approprié à ce billet !
(A suivre)
Valencía s’ouvre au futur…
Il est treize heures, il fait chaud dehors. La pièce est fraîche, ses rideaux sont tirés
et, sur un grand lit, des draps blancs nous tendent les bras… Cela incite à la sieste !
En détaillant la coupe dessinée qui accompagne le propos de bienvenue de notre hôtel,
une autre envie me vient. Je boirais bien un verre de « Agua de Valencia »
ce mélange réputé pour sa rapide montée à la tête !
Alors, cocktail ou « café du pauvre » ?
Ce qui est sûr, c’est que nous allons avoir besoin de nos jambes .
Elles vont être soumises à dure épreuve…jusqu’à la tombée de la nuit.
En effet, ce sont plus 350 000 m2 qui les attendent pour une visite de
la Cité des Sciences et des Arts.
La réalisation de cet ensemble de bâtiments blancs aux lignes futuristes
fut confiée à deux architectes : Santiago Calavatra et Félix Candela.
Calatrava, natif de la ville, en a réalisé quatre : Le Musée des Sciences,
« l’Hemisféric », le Palais des Arts » Reina Sofia » et » L’Umbracle »
Quant à Candela, décédé en 1997, nous lui devons « l’Oceanográfic »
le plus grand parc maritime d’Europe avec ses 110 000 m2.
C’est un flot continue de visiteurs qui s’engouffrent dans
cet aquarium géant pour y découvrir 45 000 spécimens de 500 espèces
différentes baignant dans 42 millions de litres d’eau irriguant d’immenses
galeries souterraines, représentant les principaux écosystèmes marins du monde.
Impressionnant certes, mais moi ce qui m’a subjugué, c’est la délicate structure
d’une simple méduse !
A contrario, ce qui m’a frappé, c’est le gigantisme du Musée des Sciences
avec ses 42 000 m2 sous un plafond d’une hauteur inattendue
où sont exposés des personnages de BD, non moins fantastiques !
De l’extérieur l’édifice attire l’attention
par sa ressemblance avec un colossal squelette de dinosaure.
Sa devise : » Interdit de ne pas toucher, de ne pas penser,
de ne pas s’amuser ». Nous voilà à bonne école et cela me plaît !
Un des accès au Musée dont les vertèbres apparentes en imposent
Eux aussi ailleurs !
Nous quittons les lieux sous les lumières qui éclairent ,
à gauche le Palais des Arts, à droite l’Hemisféric
Nos cartes mémoires sont pleines pour vous !
Voir notre album
Albarracin en Aragon
ALBARRACIN
Un village aussi pittoresque que pictural
« …Llego de Albarracín (lugar en donde el Cid hizo una de sus grandes batallas).
Vengo loco de entusiasmo. Aquello es lo más grande que hasta ahora he visto.
No hable a nadie de ello, ni siquiera pronuncie el nombre de Albarracín
( esas son cosas que debemos guardar para nosotros ).
Un fuerte abrazo, Ignacio Zuloaga ». *
Quand Tonio, notre ami madrilène, sut que nous passerions par Teruel pour aller à Valence après notre visite de Saragosse, il n’hésita pas une seconde :
« C’est à Albarracin qu’il faut t’arrêter, c’est sur ton chemin » me dit-il, aussi enthousiaste au téléphone que le fut, par écrit, Ignacio Zuloaga dans l’extrait ci-dessus…mais à la différence, il ne me demanda pas de taire et de garder pour nous, comme un secret, l’existence de ce fleuron de style médiéval en Aragon !
Nous étions loin de nous douter, ma femme et moi, qu’à une trentaine de kilomètres de Teruel, nous allions découvrir un site exceptionnel, avec un village niché au cœur de la Sierra, limité par un mur d’enceinte sur sa hauteur et par les eaux du Rio Guadalaviar, en contre bas.
Une protection naturelle d’une part et un système défensif d’autre part dont la construction remonte à l’époque de la tribu des Ibn-Racin qui donna son nom à cette Sierra ainsi qu’au Village.
Après maintes péripéties guerrières et politiques, c’est en 1363 qu’Albarracin passait définitivement à la Couronne d’Aragon
Aujourd’hui, ce village, au caractère hispano-mauresque préservé, témoigne de sa double appartenance. La culture musulmane par ses murailles et la conception d’une partie du village. La culture chrétienne symbolisée par la présence de ses clochers.
Le clocher de la cathédrale « El Salvador » à gauche et les murailles en toile de fond,
avec la tour carrée Del Andador au sommet.
Le dimanche 13 juillet nous étions en possession de notre chambre d’hôtel
Par la fenêtre s’ouvre à nous comme un tableau cubiste,
je pensais aux « Toits de Horta de Ebro » de Picasso.
Albarracin décline sous nos yeux toute une gamme de teintes rosées,
c’est la couleur dominante de l’enduit plâtré qui recouvre les façades d’originales maisons à colombages.
Sur un sol se jouant de l’horizontalité,
les constructions semblent faire un pied de nez aux règles d’une architecture classique.
Nous allons parcourir des ruelles escarpées, jusqu’à la tombée de la nuit, après un détour par les fortifications…et une petite halte à la terrasse d’un café, sur la place centrale, la « Plaza Mayor » où des enfants jouaient .
De retour vers l’hôtel, je me suis intéressé un peu plus aux heurtoirs de portes en forme de dragon et aux grilles en fer forgé, protégeant fenêtres et balcons. Des objets façonnés par les artisans locaux depuis des siècles.
Étrangement, ce sont ces objets que j’ai vu dans mes rêves cette nuit là, en rapport avec des personnages évoluant dans d’étroites ruelles, visages masqués.
S’agissait-il de conspirateurs avançant à pas feutrés, taches sombres se profilant sur le rosé d’un mur, happés subitement par l’ouverture d’une porte cloutée, après que le dragon heurtoir ait frappé trois coups ?
Etaient-ce les protagonistes d’un rendez-vous galant à la recherche d’un abri derrière des grilles ouvragées…les fantômes, peut-être, d’un hidalgo aragonais et d’une égérie mauresque bravant les interdits de leurs familles respectives ?
Et puis soudain, une autre image troubla mon sommeil, celle d’un tronc d’arbre contre un mur. Il ressemblait à celui que j’avais photographié dans l’après-midi. Je dois avouer que cet objet inattendu à l’angle d’une rue déserte m’avait fait fantasmer….Là, il irradiait et m’éblouissait !
Je cligne des yeux … les persiennes de notre porte fenêtre sont grandes ouvertes.
De notre lit, je distingue le clocher de la Cathédrale dont les tuiles bleutées brillent au soleil.
Dix heures sonnent au loin, il est temps de se préparer …
Nous sommes attendus au pays des oranges, à Valence,
cette ville où naquit ma grand-mère paternelle.
©Ange Pérez
* Traduction de l’extrait en espagnol
« …J’arrive d’Albarracin ( lieu où le Cid tint une de ses grandes batailles).
J’en reviens fou d’enthousiasme. C’est ce que j’ai vu de plus grand jusqu’à ce jour.
N’en parle à personne , ni ne prononce même le nom d’Albarracin.
( Ce sont des choses que nous devons garder pour nous).
une forte accolade, Ignacio Zuloaga
La Muela…
…et son Musée du Vent.
Entre Saragosse et notre hôtel, en quittant l’autoroute A2 Barcelone-Madrid, attirés par les chants des éoliennes, nous avons découvert un étonnant endroit : « La maison du Vent » !
Un parterre de roues dressées vers le ciel devant le Musée du vent.
« En ella, el Viento recibe a sus amigos y les cuenta su historia, les enseña sus recuerdos, les habla de sus posibilidades. Los visitantes pueden ver, oir, oler, sentir y acariciar el Viento.” écrit la mairesse de La Muela, Maria Victoria Pinilla Bielsa !
Traduction : “En elle, le Vent reçoit ses amis et leur raconte son histoire, leur montre ses souvenirs, leur parle de ses possibilités. Les visiteurs peuvent voir, sentir, ressentir et caresser le Vent. ».
Nous sommes au “Centro de Interpretación de la Energía Eólica, el Museo del Viento”
« Centre d’interprétation de l’Energie Eolienne, le musee du vent. »
Il est situé à l’entrée du Village, en allant vers la Capitale aragonaise, à une vingtaine de kilomètres de celle-ci.
L’homme qui nous y accueille s’appelle Carlos Beisti .
Nous sympathisons rapidement, il est passionné et passionnant. En peu de temps, il nous décrit « la maison » dont il a la responsabilité. Il insiste sur la dominante pédagogique de cet outil au service de la connaissance et de la recherche.
Mais il sait aussi se faire discret et nous laisser parcourir les salles d’exposition à notre rythme.
L’aménagement de certaines d’entre elles a été conçu pour qu’il y ait une appropriation des connaissances de façon expérimentale et ludique par les jeunes visiteurs, et les moins jeunes d’ailleurs, vu le plaisir que nous y prenons nous-mêmes !
Une des salles qui m’a particulièrement plu, c’est celle où un énorme globe terrestre poussé par le souffle d’une colonne d’air se maintient dans l’espace.
Tout autour, des reproductions artistiques, peintures et sculptures, et des extraits de poèmes sur le Vent donnent l’importance accordée à cet élément
par l’homme d’hier et d’aujourd’hui.
Par les baies vitrées de l’édifice, on voit se dresser d’imposantes silhouettes qu’un Don Quichotte ressuscité pourrait prendre pour des envahisseurs comme celui de Cervantes , en son temps, voyait des ennemis dans les moulins à vent de Castille !
Carlos Beisti a attendu que nous soyons prêts pour nous projeter, en fin de parcours, un montage audiovisuel sur le vent. Une présentation exhaustive sur l’exploitation que les hommes on en fait de l’Antiquité à nos jours et dans la mythologie.
Nous avons quitté les lieux satisfaits de nous être laissés menés ce jour- là par le chant des éoliennes… au gré du vent, en quelque sorte !
Zaragoza…
L’Exposition Internationale de Saragosse a fermé ses portes depuis la mi-septembre.
Voici venu le temps de l’évaluation d’un évènement dont les retombées seront rapidement connues. Quoi qu’il en soit, il laissera trace dans l’environnement de la capitale aragonaise.
Une toile tendue en plein centre de la Ville annonce déjà l’un des futurs repères .
La Basilique de la Virgen del Pilar et le Pont de pierre sur l’Ebre.
La « Tour de l’Eau » dont la structure culmine à plus de 70 m de hauteur, deviendra un repère spatial , nouveau symbole apparent , ajouté au repère prestigieux qu’est la Basilique de la « Virgen del Pilar » pour qui connaît la cinquième ville d’Espagne chevauchant l’Ebre.
Le 11 juillet dernier, sous la canicule, nous avons parcouru des kilomètres de Pavillons d’une centaine de Pays participants sur le thème de « l’Eau et du développement durable » . (voir notre reportage)
Toute la journée des hauts parleurs ont prodigué des consignes aux visiteurs : boire abondamment pour éviter la déshydratation et rechercher l’ombre pour éviter l’insolation.
Dans la soirée, les cieux se sont mis en colère : de lourds nuages sombres ont déversé leur trop plein sans aucun égard pour la programmation prévue en nocturne.
Nous avons quitté les lieux sous une terrifiante chute de grêlons nous obligeant à nous mettre à l’abri sous un pont, en plein autoroute où déjà s’allongeait une file de véhicules à l’arrêt sur la bande d’urgence
Comble d’ironie…dans l’après-midi, nous avions assisté, affublés d’un imperméable, à un montage audiovisuel dans le Pavillon de l’ « Eau Extrême ». Des sensations fortes garanties … pas « pour de vrai » cependant à entendre fuser les exclamations et les rires dans la Salle !
Mais, je vous avoue que dans notre voiture, nous n’en menions pas large ! Nos craintes étaient réelles …de voir le pont s’effondrer sur nous.
A l’évidence, ce n’est pas le manque d’eau qui pose problème mais sa répartition au sein de la planète et la manière dont elle est gérée de nos jours.
« Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse «
C’est dans une des salles d’exposition que me revint ce proverbe en y voyant une jarre qui aurait pu symboliser …comme une mise en garde sur la façon dont chacun d’entre nous utilise l’eau.
Le lendemain, nous décidions de vivre à un autre rythme pour découvrir de nouveaux aspects de Saragosse, sous la pluie !
Profitant de la moindre éclaircie, nous avons déambulé dans la ville et plus particulièrement par l’avenue de l’Indépendance qui présentait des sculptures géantes de Manolo Valdès, clins d’œil d’un artiste aux passants, avec ses bronzes, représentant des œuvres espagnoles connues, des Ménines à la Dame de Elche. ( voir l’album )
La capitale de l’Aragon avec son exposition internationale et son « art dans la rue » d’hier et d’aujourd’hui, associe sans complexe passé, présent et avenir !
©Ange
Justo Gallego
Justo Gallego Martínez
« Aujourd’hui, visite surprise !» s’exclame ma femme.
Je sens dans son regard qu’elle est sûre de son coup….
« Où allons-nous? » demandai-je.
« Tu le sauras sur place…» répond-elle, l’air mystérieux.
Elle prend le volant. Cela fait un peu plus d’une demi-heure que nous roulons depuis Tres Cantos vers l’est de Madrid. Nous entrons à Mejorada del Campo et notre GPS nous précise que nous sommes arrivés à destination.
Heureusement qu’elle ne m’avait pas bandé les yeux : éberlué, la vitre de la portière baissée,
je découvre un édifice surprenant … comme une cathédrale multicolore en construction.
« J’ai trouvé l’info dans le « Routard », c’est l’oeuvre d’un homme original: Justo Gallego…
un peu le Facteur Cheval du coin » me dit-elle en souriant. Nous sortons de la voiture.
Il est deux heures de l’après-midi, le soleil frappe et me gêne même pour prendre certaines photos.
Je m’attarde sur les marches peintes en jaune qui conduisent à cette incroyable architecture.
Leurs rebords arrondis laissent entrevoir leur structure par endroit : ce sont des boudins de longs ressorts bourrés de ciment.
Les dernières marches donnent sur un parvis devant des grilles bleutées derrière lesquelles s’élève un amoncellement de gravats.
Ma femme fait le tour de l’enceinte et me crie « On peut entrer par là ! »
Je la rejoins. Je n’en crois pas mes yeux…Je suis excité comme un môme, je ne sais plus où donner de la tête. C’est fantastique et gigantesque à la fois…Je voudrais tout photographier.
A l’entrée un homme au visage fermé, chapeau de paille sur la tête, semble garder un coffret du même bleu que celui des grilles de l’entrée. En face de moi, assis autour d’une table des ouvriers, sans doute, mangent et discutent. Plus loin, dans ce qui pourrait être une nef, une voiture stationne à proximité d’un échafaudage érigé sous une coupole dont l’armature peinte aussi en bleu s’ouvre sur le ciel. Le même bleu recouvre tout ce qui est en ferraille, certainement de l’antirouille.
A ce moment là, malgré l’envie de continuer à découvrir le chantier qui s’offre à ma vue, c’est un désir plus fort qui me pousse vers la table : je me présente et demande m’adressant au groupe si je peux le photographier. L’un des hommes, le plus âgé, acquiesce de la tête, il porte un bonnet rouge sur la tête. A ses pieds, il vient de poser une assiette creuse où nagent quelques poids chiches, certainement son repas. Un autre se lève et vide une poche entière de cacahuètes dans une corbeille en osier.
« Servez-vous, monsieur, et portez-en à la dame » me dit-il
C’est l’hospitalité espagnole…le courant passe.
Je m’enhardis et demande: « Qui dirige ces travaux ?»
« C’est moi » dit l’homme au bonnet rouge, me dévisageant avec insistance.
« Vous êtes Justo Gallego, n’est-ce pas ? » Quelle question, pensais-je, en moi-même.
Les yeux de cet homme en blouse bleue brillent d’un tel feu intérieur qu’il ne peut y avoir de doute.
Son regard porte sa passion..
Emu, je ne sais comment lui dire ce que je ressens à cet instant et bêtement j’ajoute : » c’est inimaginable ce que vous entreprenez là ! »
« Cela fait 45 ans que je construis mon rêve et j’ai 83 ans ! » dit-il, la voix cassée.
Nos regards se croisent à nouveau. Il est peu causant mais ses yeux me parlent.
Puis, il s’éloigne pour se remettre à l’ouvrage. Je le vois réapparaître traversant en quelques secondes les hauteurs de sa cathédrale comme un fantôme qui hanterait ces lieux, à moins que ce ne soient ces lieux qui finalement le hanteraient depuis tant années !
Il semble être partout à la fois. Avec mon appareil photo, je le surprends en arrêt et pensif au pied d’un squelette de coupole, puis presque instantanément, à gauche, donnant des ordres, guidant de sa main la montée d’un sac de plâtre accroché à une corde à poulie, tirée depuis le bas .
Il y a un autre homme en blouse bleue qui reprend son activité
C’est Angel Lopes Sanchez, « l’artiste » comme vient de l’appeler Juan Antonio, un cousin de passage avec qui je vais très vite sympathiser.
Cela fait une quinzaine d’années qu’il travaille avec Justo. Angel se charge non seulement de la partie décorative de la cathédrale, vitraux et sculptures, mais aussi des structures en fer forgé, leur réalisation et leur entretien. Je vous assure qu’il a de quoi faire !
Il nous montre ce qu’il a déjà fait et ce qui est en cours, notamment ci-dessus ce fond baptismal au pied en forme de poisson. Il parachève ainsi, jour après jour, l’œuvre du génial visionnaire Justo, en utilisant comme lui des moyens de fortune et des matériaux recyclés.
« Et les fresques de qui sont-elles ? » lui demande ma femme
« Ce sont des élèves des Beaux-Arts qui les ont peintes » nous répond, Angel.
J’ai le champ libre et comme Justo m’a accordé la faveur de me déplacer du bas au sommet de son ensemble architectural , Angel demande à son cousin de m’accompagner et de m’ouvrir la porte menant « sur les toits » , habituellement interdite au public.
Je jubile ! Je grimpe sans casque sur la tête. Ma femme qui vient de me prendre en photo me conjure d’être prudent.
Indépendamment de toute conviction religieuse, pour la sécurité, je m’en remettrai au maître des lieux ! Ce sera donc « à la grâce de Dieu » selon la formule consacrée !
Du haut de mon perchoir, je vois le dessus du coffret bleu auprès duquel se tenait l’homme au visage fermé. Par une fente que je découvre de dessus, ma femme vient de glisser un billet. Le visage de l’homme se déride et sourit …Notre modeste don vient grossir le contenu de leur seule source de revenus.
« Longue vie à vous deux, Justo et Angel, merci à vous tous qui les accompagnez, embarqués dans ce projet désir au-dessus duquel aurait pu flotter un étendard portant l’inscription : « La vie est un songe » ( la vida es sueño) , de Pedro Calderon dont les vers qui suivent donnent à réfléchir sur la condition humaine.
Qu’est-ce que la vie ? Un délire.
Qu’est donc la vie ? Une illusion,
Une ombre, une fiction ;
Le plus grand bien est peu de chose,
Car toute la vie n’est qu’un songe,
Et les songes rien que des songes .
©Ange Pérez
.Eté 2008.
Los « pueblos blancos »
… ainsi à Torre Alhaquime, sous la provocante injonction d’un "bandolero" célèbre, des habitants ont suspendu leurs poubelles …pour les soustraire peut-être … à la voracité de chiens errants .
"J’ai préféré d’ailleurs les photographier d’en haut !!!"
Ubrique, Benaocaz, Villaluenga del Rosario, Grazalema, Ronda, Setenil de las Bodegas, Olvera,Torre Alhaquime, Algodonales, Zahara de la Sierra…autant de noms évocateurs de ces " pueblos blancos" d’origine mauresque s’égrénant sur notre trajet comme les perles d’un "komboloï" géant .
Pour les photos…voir les albums !
Par 47° aux premiers jours d’août , parcourir les labyrinthes de leurs étroites ruelles escarpées pour atteindre l’imposante église ou le château-forteresse juchés au plus haut point des villages relève du challenge .
Mais quel plaisir alors de savourer une rafraîchissante "caña "
ou de prendre le temps de faire le plongeon dans l’eau d’un bassin aménagé en plein "Embalse" de Zahara , au pied de l’arborée Sierra !
Reina Sofia. Madrid…
…quand passent deux profils…
…Sous le regard d’un Miro…
…et un clin d’oeil …à Georges Braque !
Une pause au milieu de la visite des collections permanentes du Musée National d’art moderne de Madrid et des expositions temporaires . Le Musée porte le nom de la reine d’Espagne et abrite des oeuvres d’ artistes les plus réputés du monde .
La surface consacrée à la collection permanente place aujourd’hui ce musée d’art contemporain parmi l’un des plus grands . Sa collection rassemble les œuvres de peintres espagnols comme Zuloaga, Julio Gonzalez, Diego Rivera, Miro, Dali, Picasso, Juan Gris, Luis Fernandez, Tapies.
On y trouve aussi des œuvres d’artistes contemporains étrangers comme Bacon , René Magritte, Georges Braque, Fernand Léger, Jean Arp, Dubuffet, Man Ray, André Masson, Brassaï, Yves Tanguy, Max Ernst, Pierre Bonnard, Henri Laurens, Robert et Sonia Delaunay, Jacques Lipchitz, Vassily Kandinsky …
Des expositions temporaires aux cimaises jusqu’en septembre : Amy Cutler, pour la première fois en Espagne, sur le thème d’ « Alteraciones » et Le Corbusier présenté sous un angle moins connu que celui de ses créations architecturales, celui d’un peintre-sculpteur surprenant et prolifique ( collection Heidi Weber).
Jusqu’en octobre, Carlos Pazos présente ses oeuvres sous l’intitulé » no me digas nada » . Enfin , durant la même période Luis Gordillo ( Prix Vélazquez ) propose » Iceberg Tropical «
Le « Reina Sofia » , un musée riche et vivant !!!
Ascenseurs et sculpture devant l’entrée du musée
L’oeuvre maîtresse du musée reste » GUERNICA » célèbre tableau monochrome créé en avril 1937 par Picasso . Cette toile n’a rejoint le Centre Reina Sofía qu’en 1992.
Si elle avait été réalisée le 30 juillet…( le 7éme mois de l’année…) nous aurions pu fêter notre anniversaire ensemble …
70 ans en 2007 … !!!